Les entreprises forestières Société Bois Africains du Cameroun (SBAC) et la Société Forestière de Bouraka (SFB) sont suspendues de toute activité d’exploitation forestière, depuis le 07 novembre 2019 par le Ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF). Ces deux entreprises sont respectivement attributaire des concessions forestière l’UFA 10050 située aux environs des villages Massea, Nkoulkoua et Londjap, dans l’Arrondissement de Somalomo, Département du Haut-Nyong, Région de l’Est– Cameroun et de l’UFA 08006, situé à Yoko, dans le département du Mbam et Kim, région du Centre.
Selon la décision[1] n°1367/D/MINFOF/CAB 07 novembre 2019 portant suspension des activités d’exploitation d’une forêt domaniale, la SBAC a été reconnue coupable pour exploitation au-delà des limites de la concession forestière et de non-respect des normes techniques d’exploitation. Et, quant à la décision n°1289/D/MINFOF/CAB du 31 octobre 2019 portant suspension des activités dans une forêt domaniale, la SFB a été reconnue coupable pour exploitation dans une forêt domaniale, au-delà des limites de l’assiette de coupe délimitée (AAC 3-2).
En suspendant ces deux entreprises, le Ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF), permet ainsi d’avérer les faits d’illégalité relevés dans les rapports de dénonciation produits sur ces deux entreprises par les organisations Forêts et Développement Rural (FODER)[2] et Ecosystème et Développement (ECODEV). Les rapports de dénonciation produits suivant les procédures du Système Normalisé d’Observation Indépendante Externe (SNOIE), ont été transmis au MINFOF au cours des mois juillet 2019 (cas de la SBAC[3]) et août 2019 (cas de la SFB[4]). Dans le rapport de dénonciation de la SBAC[5], FODER avait relevé au cours de sa mission d’observation indépendante externe (OIE) réalisée du 15 au 18 mai 2019, des indices qui incriminaient cette entreprise d’exploitation non autorisée dans les forêts du domaine nationale aux voisinages des villages Nkoulkoua et Londjap avec non-respect des normes techniques d’exploitation forestière. Quant à la SFB, ECODEV sur la base des faits documentés au cours de sa mission d’OIE réalisée du 24 au 28 avril 2019, avait souligné que la société menait des activités d’exploitation forestière non autorisée dans une forêt du domaine national. La mission d’OIE de FODER a été déclenchée après le décryptage de 38 alertes collectées et transmises par un membre de communauté sur la plateforme Forestlink[6].
Les dénonciations de FODER et ECODEV ont donc sans aucun doute conduit à des missions de contrôle du MINFOF. Ces missions ont permis à l’administration forestière de suspendre les deux entreprises et d’ouvrir des contentieux à leur encontre. Toutefois, il faut relever que la suspension de la SBAC et de la SFB est « conservatoire » et « elle ne sera levée qu’après le règlement définitif du contentieux ouvert », précise le MINFOF dans sa décision. Néanmoins, il faut relever qu’en plus d’arrêter les activités d’exploitation forestière dans le titre d’exploitation, les deux entreprises suspendues verront également leurs produits forestiers exploités en fraude saisis. Ainsi, selon les rapports de dénonciations de FODER, les essences les plus exploitées par la SBAC dans le cadre de ces activités d’exploitation illégale sont entre autres : le Kossipo (Entandrophragma candollei), l’Anigré (Aningeria altissima), l’Ayous (Triplochyton scleroxylon), le Padouk, l’Ekop beli, l’Okan (Cylicodiscus gabonensis), le Fraqué, le Movingui. Et, pour la SFB les bois exploités illégalement portent sur 09 (neuf) espèces différentes à savoir : l’Ayous (Triplochyton scleroxylon), l’Iroko (Milicia excelsa), le Sapelli (Entandrophragma cylindricum), le Tali (Erythropleum ivorense), le Doussié blanc (Afzelia pachyloba), Padouk rouge (Pterocarpus soyauxii), Anigré (Aningeria altissima), Ilomba (Pycnanthus angolensis), Lotofa/ Nkanang (Sterculia rhinopetala).
Les missions de dénonciations d’ECODEV et de FODER ont été respectivement menées avec l’appui financier des projets « Voix des citoyens pour le changement : Observation forestière dans le Bassin du Congo (Projet CV4C) » et le Projet : « Intégrer le suivi communautaire en temps réel pour maintenir les moyens de subsistance et les forêts en Afrique centrale et de l’Ouest » (Projet RTM2).
[5] https://oie.foder.org/index.php/8-actualites/118-la-societe-des-bois-africains-du-cameroun-epinglee-pour-exploitation-hors-limite-de-son-ufa-10050
[6] ForestLink est un système innovant crée pour permettre aux communautés, quelques soit l’endroit où elles se trouvent, d’enregistrer et de transmettre en temps réel aux acteurs pertinents des informations géo-référencées sur les activités présumées illégales menées dans les forêts depuis des zones sans réseau téléphonique ou connexion internet. (https://fr.rainforestfoundationuk.org/str)
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